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Pertinax : né le 1 août 126 à Alba, Italie, mort le 28 mars 193 à Rome

Titre : Imperator Caesar Publius Helvius Pertinax Augustus (1er janvier 193 - 28 mars 193 : 2 mois et 27 jours )

Nom

Nerva
Pertinax
Musée du Vatican

Publius Helvius Pertinax

Naissance

Le 1er août 126, à Alba Pompeia, actuelle ville d'Alba dans le Piémont italien.

Famille

Fils d'un affranchi ligurien de Vada Sabatia qui était charpentier ou commerçant, Pertinax était d'origine extrêmement modeste.

Mariage

Il épouse Flavia Titiana, dont il a un fils. Par modestie, il refuse d'accorder à son épouse le titre d'Augusta et à son fils celui de César.

Portrait

Réputé pour son intégrité, sa simplicité, sa courtoisie et son absence totale de vanité, Pertinax n'accède au pouvoir suprême qu'à l'âge de soixante-sept ans.

Cursus

Pertinax commence sa carrière comme simple professeur de grammaire avant d'opter pour la carrière militaire. Grâce à la recommandation de Lollianus Avitus, consul et ancien patron de son père, il accède rapidement aux grades supérieurs. Successivement centurion, puis préfet de cohorte sous Antonin le Pieux, il sert en Syrie et en Bretagne. Il commande ensuite une aile de cavalerie en Mésie, exerce les fonctions d'intendant sur la voie Emilienne, puis prend la tête de la flotte du Rhin. Nommé ensuite gouverneur civil de Dacie et commandant des détachements de vétérans, il attire l'attention de Marc Aurèle. Celui-ci, en récompense de ses mérites, le fait entrer au Sénat et lui confie la légion I Adjutrix en Rhétie et en Norique. Consul suffect vers 175, il accompagne ensuite Marc Aurèle en Orient, commande les armées du Danube, puis devient légat consulaire successivement de Mésie, Dacie (176), Syrie et, en 185, Bretagne. De retour à Rome, il est chargé de l'annone en 187, proconsul d'Afrique en 188-189, préfet de la Ville à partir de 189, et enfin consul ordinaire en 192 aux côtés de Commode lui-même.

Ainsi, dans la nuit du 31 décembre 192, c'est à la porte d'un commandant de grand renom et d'un gouverneur éprouvé que se présentent Laetus, préfet du prétoire, accompagné du chambellan.



Dies imperii : 1er janvier 193

Règne

La mort de Commode, le 31 décembre 192, plonge l'Empire dans l'incertitude et provoque de nouveaux massacres. Au début, la situation paraît favorable : Pertinax gouverne avec sagesse et sans réelle opposition. Son assassinat, seulement quatre-vingt-sept jours plus tard, ouvre cependant une crise majeure. Quatre compétiteurs entrent en lice; les armées provinciales décident de l'issue du conflit. Il faudra attendre 197 et la victoire de Septime Sévère pour que l'Empire retrouve un maître unique.

Retournons aux événements de la nuit du 31 décembre 192 au 1er janvier 193. Après l'assassinat de Commode, Laetus et Eclectus, principaux artisans du complot, doivent agir vite tout en restant discrets. Ils font envelopper le corps de l'empereur dans des linges ordinaires et le font évacuer de la villa Vectilienne par deux esclaves sûrs, qui passent sans encombre devant la garde en prétendant transporter du linge sale. Les deux conjurés gagnent ensuite la demeure de Publius Helvius Pertinax. Malgré l'effroi provoqué par ces visiteurs nocturnes, ils parviennent à le convaincre de la mort de Commode et lui proposent le trône impérial.

Dans le même temps, on fait courir le bruit que Commode a succombé à une attaque d'apoplexie et que Pertinax règne déjà. Les prétoriens accueillent la mort suspecte de leur bienfaiteur avec stupeur plus qu'avec joie. Cependant, l'urgence de la situation, l'autorité de Laetus et la pression populaire les contraignent à se taire. La promesse de 12 000 sesterces par tête scelle leur ralliement. Couronnés de laurier, ils conduisent Pertinax au Sénat avant l'aube pour faire ratifier son élection par les pères conscrits.

Là, Pertinax évoque avec humilité sa naissance modeste et propose plusieurs sénateurs plus illustres. Devant les refus catégoriques et les serments enthousiastes de fidélité, il finit par accepter la totalité des pouvoirs impériaux.

Le règne de Pertinax dure seulement deux mois et vingt-sept jours. En ce bref délai, il annule les injustices de Commode : rappel des exilés, libération des détenus, restitution des honneurs et des patrimoines. Pour faire face aux besoins urgences (ravitaillement de Rome, entretien des monuments et des voies), il réorganise les finances et vend aux enchères les biens personnels de Commode : esclaves, favoris, vêtements de prix, services d'orfèvrerie, chars de luxe munis d'odomètres et d'horloges. Ces rentrées lui permettent de payer la moitié du donativum aux prétoriens et de distribuer 100 deniers par tête au peuple de Rome.

Ces mesures assurent à Pertinax une immense popularité auprès du peuple, mais les prétoriens les accueillent avec la plus grande froideur. En cherchant à réformer trop rapidement et trop profondément, l'empereur s'aliène ceux dont il dépend le plus. Sa volonté de mettre fin aux abus de la garde prétorienne, bien que saluée par la population, lui vaut la haine des soldats. Dès le 3 janvier, certains d'entre eux tentent de proclamer un empereur rival; le sénateur visé avertit Pertinax et s'éloigne de Rome. La rigueur disciplinaire imposée à la garde exacerbe le mécontentement. Laetus lui-même, qui avait pourtant organisé l'avènement de Pertinax, supporte mal de ne pas pouvoir le manipuler à sa guise et finit par encourager la rébellion des prétoriens.

Début mars 193, alors que Pertinax se trouve à Ostie pour superviser les entrepôts destinés aux grandes arrivées de blé, une nouvelle tentative de coup d'Etat éclate à Rome. A nouveau, la garde prétorienne est au coeur du complot et a choisi cette fois le consul Quintus Sosius Falco comme candidat au trône. Le projet est découvert à temps et avorte. Falco, qui n'avait peut-être pas donné son accord, est épargné; en revanche, plusieurs prétoriens impliqués sont exécutés sans ménagement.

Les prétoriens ne tarderont pas à réussir. Le 28 mars 193, quatre-vingt-six jours exactement après la mort de Commode, environ trois cents d'entre eux envahissent le palais. Les portes leur sont grandes ouvertes par leurs camarades de garde et par les anciens domestiques de Commode, qui haïssaient en secret cet empereur trop intègre. Pertinax, informé de leur approche, refuse de fuir ou de se cacher. Il s'avance au contraire vers eux, droit et calme, leur rappelle son innocence et la sainteté de leurs serments. Pendant un instant, sa dignité, son âge vénérable et sa fermeté imposent le silence; certains baissent les yeux, frappés par l'horreur de leur acte. Mais l'espoir du pardon étant nul, la rage l'emporte. Un soldat tongre brandit son glaive en criant : "Voici l'épée que les prétoriens t'envoient !"" et frappe le premier. Les autres se ruent sur le vieillard de soixante-six ans et l'achèvent à coups redoublés. Sa tête est aussitôt tranchée, fichée au bout d'une pique et promenée en triomphe jusqu'au camp, sous les yeux d'un peuple consterné et révolté. Rome pleure cet excellent prince et mesure déjà, dans la briéveté de son règne -quatre-vingt-sept jours à peine, l'étendue du malheur qui va suivre.

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